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Toilette matinale pour Joela, Quentin et Mykola, dans les infrastructures sanitaires encore en construction. Très peu de matériel a été livré dans cette base avancée, les légionnaires doivent donc tout construire afin d’améliorer leur quotidien. 



REPORTAGE


Centrafrique :

des légionnaires

sous tension







- par Edouard Elias -

PHOTOS, VIDEOS ET LEGENDES : EDOUARD ELIAS  - REALISATION ET TEXTES : MAUD DESCAMPS

C’est à Bambari, à bord d’un avion militaire, que le photoreporter Edouard Elias, a rejoint les hommes du 2ème Régiment Etranger d'Infanterie (REI), la Légion étrangère. Des soldats déployés en Centrafrique au mois de juillet dernier dans le cadre de la mission Sangaris.

Pendant trois semaines, Edouard Elias a partagé le quotidien de ces cent-cinquante militaires, se rasant avec eux le matin, ne les quittant pas d’une semelle sur le terrain,  jouant aux cartes avec eux le soir. Un quotidien dangereux et dur, même pour les plus coriaces d’entre eux.

C’est à travers l’objectif photo et vidéo de son Leica qu’il a choisi de raconter leur histoire, mais aussi l'histoire de ce reportage. Le photographe a réalisé de courtes vidéos pour montrer dans quel contexte chaque cliché a été pris, offrant ainsi un autre regard sur son travail et sur celui de ces hommes engagés sur le terrain.

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LA TOILETTE. C’est une nouvelle journée qui commence pour Jaroslav, Marian, Anastcio. Ils sont Tchèque, Roumain, Brésilien. Tous se sont engagés à défendre un pays qui n’est pas le leur. Un choix difficile à comprendre pour leur famille, souvent restée au pays.


Gonzalo sert depuis dix-sept ans dans la légion étrangère. Cet Argentin est papa d’un petit garçon de huit mois.  Sa famille ne peut pas venir s’installer en France pour le moment.  Alors lorsqu’il a deux semaines de permission, et que ses moyens financiers le lui permettent, il s’envole pour l’Argentine pour les retrouver. Le reste du temps, la Légion est sa famille. Comme les autres hommes du deuxième REI, il a été déployé au début de l’été en Centrafrique.

LE BRIEFING DU MATIN. Déployés dans la zone de Bambari, à 380 kilomètres au Nord-Est de Bangui, la capitale,  le 2ème REI assure une mission de sécurisation pour éviter que de nouveaux affrontements n’éclatent. Une mission en soutien à la force africaine, la MISCA, déjà déployée dans le pays. Depuis le coup d’Etat mené par les rebelles de la Séléka contre le président François Bozizé, en mars 2013, la Centrafrique a progressivement sombré dans le chaos.


Ce matin-là, le capitaine fait le point avec ses chefs de sections pour répartir les patrouilles. C’est aussi le moment pour lui de donner un maximum d’informations, même si sur le terrain les hommes se déplacent à l’aide d’un GPS. Alors chaque jour, les légionnaires patrouillent. 

"Ici l'ami d'un jour, c'est l'ennemi de demain."




-Gonzalo-

Point de "sit" avant le départ en mission. Les officiers et les chefs de sections sont convoqués par le capitaine pour avoir

des explications à donner à leurs hommes quant à la tâche à accomplir et les pistes qui seront empruntées.

Les populations civiles se déplacent à cause des combats et viennent se réfugier à côté du camp de la force Sangaris pour bénéficier de leur protection. 

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LES VIOLENCES. Depuis plusieurs semaines, des dizaines de civils ont été massacrés à Bambari. Début octobre, sept musulmans à bord d'un véhicule ont été tués dans une embuscade tendue par des anti-balaka. Après avoir laissé partir les passagers chrétiens, tous les hommes musulmans qu'ils ont capturés ont été tués. Des milliers de personnes, terrorisées par ces violences, ont fui vers d'autres localités. Bambari, comme d’autres villes de la région,  est désormais ville fantôme, pleine de maisons vides, de magasins fermés et de bâtiments abandonnés.

L'INSTABILITÉ. Les légionnaires sont sans cesse sur leurs gardes. Mais pas facile pour ces hommes de faire face à une situation sans cesse changeante. Début novembre, des représentants de l'ex-Séléka ont annoncé la création de leur propre mouvement. C’est la première scission officielle de la rébellion majoritairement musulmane qui avait pris le pouvoir en 2013 dans le pays.


En mission, le chef de section se renseigne de l’état général de la situation avec des villageois. On leur demande si des exactions ne sont pas commises dans la région, s’ils ont entendu parler ou ont vu des déplacements de réfugiés, d’hommes armés etc. 

LA REMONTÉE D'INFORMATIONS. La moindre tension entre les communautés peut mettre le feu aux poudres. Alors chaque jour, les militaires patrouillent dans les villages et discutent avec la population. Echanger avec les chefs locaux, sans cesse, sans relâche, pour apaiser le climat.

 

Une médiation qui se fait à tous les niveaux de l'Etat, dans ce pays ruiné par la guerre : sur le terrain mais aussi dans les plus hautes sphères du pouvoir. Fin octobre, une délégation de la médiation internationale dans la crise centrafricaine s’est rendue à Bangui pour rencontrer les groupes armés dans l’espoir de "ramener le calme". En vain. La délégation  a entériné, mi-novembre, sur demande des autorités de transition, un report de cinq mois des élections présidentielles et législatives, prévues en février. La situation est encore bien trop instable pour organiser un scrutin.

 

Au début de l’été, les représentants des principaux groupes armés qui ont mis le pays à feu et à sang - l'ex-coalition Séléka, majoritairement musulmane, et des miliciens anti-balaka qui ont mené une impitoyable chasse aux musulmans après la chute de la Séléka au début de l'année - avaient signé un accord de cessation des hostilités. Mais cet accord a été depuis régulièrement violé.

Ici, les conditions de vie sont difficiles. Même pour un légionnaire. Les sanitaires sont construits par les militaires eux-mêmes avec des tiges de bambou. Idem pour la "palissade" dressée devant le point d’eau où ils se lavent et se rasent. Un moment de détente pour ces soldats en mission.


Entre les militaires, les liens se tissent rapidement. A leur arrivée dans la légion étrangère, beaucoup ne parlent pas français. Ils travaillent alors avec un binôme, plus expérimenté, pour apprendre les rudiments de la langue au plus vite et être opérationnel. 

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En patrouille, certains hommes s’isolent afin de se détendre. Ici un soldat écoute de la musique, aux abords du bivouac en écoutant de la musique. 

LA DÉTENTE. Les patrouilles peuvent être longues. L’attente aussi. Les moments de temps libres sont donc précieux pour ces hommes. Ils sont l’occasion pour certains de s’isoler, de lire, d’écouter de la musique. D’autres préfèrent jouer aux cartes ou aux échecs. D’autres encore lisent leur courrier, le sourire aux lèvres, et parfois aussi, une larme au coin de l’oeil.


Pour s’évader un peu, les soldats évoquent leurs rêves, qui se résument parfois à simplement un bon repas, de la viande rouge, du poisson, du fromage, des produits frais. Il faut dire que les menus ne sont pas très réjouissants.  


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NUIT TOMBANTE. Le soleil commence lentement à décliner. La chaleur, elle, reste étouffante. La journée a été longue. Des combats ont éclaté aux abords du camp de base, certains hommes ont été dépêchés pour défendre la zone aux abords de la Ouaka, la rivière qui traverse la zone de Bambari. Une fois le calme revenu, le capitaine donne ses dernières recommandations. Une patrouille de nuit s'apprête à prendre le relai. Il n'y a pas de temps mort pour les hommes du deuxième REI.

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CENTRAFRIQUE : DES LÉGIONNAIRES SOUS TENSION

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Par peur d’une épidémie transmise par la nourriture locale, seules les rations de combats sont disponibles. Et même si les menus sont variés, les saveurs de conservateurs ne sont pas toujours au goût de tous.